* HORIZON TOUT TERRAIN

On en parle depuis plus de 10 ans ! « Le problème de la moto verte, ce n'est pas qu'on la voit, c'est qu'on l'entend » disait déjà à l'époque Jean-Claude Olivier, le boss de Yamaha France. Or, les motos d'enduro sont aussi utilisées en balade et sont de loin les plus répandues (les trails sont devenus rares, faute d'engouement et d'offre satisfaisante). Elles trainent donc comme un boulet les normes plus permissives de la course. Au pied du mur fin 2005, la FFM a engagé une politique volontariste quoique tardive de réduction du bruit. Malheureusement, les contrôles sonomètres ont parfois été menés maladroitement sur le terrain, tandis que les constructeurs n'ont pas toujours joué le jeu non plus. Ce qui n'a pas été sans provoquer la colère des pilotes : impossible d'admettre qu'une moto neuve soit refusée pour niveau sonore trop élevé ! On enregistre pourtant des progrès, mais largement insuffisants au regard de l'urgence de la situation. Il faut maintenant aller plus loin dans la réduction des nuisances sonores. Et pas seulement en enduro : les circuits de motocross et de quad (et même de vitesse !) subissent eux aussi les conséquences combinées de machines trop bruyantes et de normes d'homologation et d'urbanisme de plus en plus restrictives. Cependant, pour y arriver, toutes les parties prenantes doivent jouer leur rôle. En premier lieu, la Fédération Internationale de Motocyclisme (FIM). Celle-ci rechigne depuis longtemps à accéder aux demandes pressantes de la France en vue de faire baisser les normes de bruit en compétition. On compte ici sur l'engagement pris par le président de la FFM, Jean-Pierre Mougin, à tout tenter pour convaincre les instances internationales. Ensuite, les constructeurs doivent proposer des machines qui n'imposent pas un débridage pour fonctionner correctement. IIs doivent aussi montrer l'exemple en course, à travers leurs machines officielles. On peut rouler vite sans faire un bruit insupportable ! N'oublions pas non plus les accessoiristes : les silencieux adaptables n'ont souvent de silencieux que le nom... De même, « homologué FIM » n'a jamais voulu dire « conforme au Code de la Route » ! La presse spécialisée, riche en comparatifs et essais de machines, doit absolument intégrer le critère « bruit » dans sa notation, avec un coefficient de premier ordre. Enfin, maillon ultime, le pratiquant... Les mentalités évoluent, mais pas aussi rapidement que la situation l'exige, malheureusement. Il est encore trop fréquent d'entendre des motos produisant un boucan d'enfer, de voir des pilotes tourner en rond près des habitations pendant des heures... Quand certains n'avouent pas carrément que « une moto qui ne fait pas de bruit, ça manque de sensations » ! Ne pas casser les oreilles pour se faire bien voir : voilà qui doit devenir au plus vite la préoccupation numéro 1 des pratiquants !