Depuis sa création en 1989, le PNRBV (Parc naturel régional des Ballons des Vosges) n’avait pas connu une telle hémorragie. La 3 ^e charte, un projet interrégional de territoire valable jusqu’en 2023, a, certes, séduit près de 90 % des communes, 187 exactement, en Alsace, Lorraine et Franche-Comté. Mais 29 communes, dont 14 en Alsace, ont fait un choix inverse. Pour la première fois, les structures intercommunales ont eu voix au chapitre : les 32 communautés de communes ont dit « oui », comme un seul homme.

C’est la bonne nouvelle pour le président Girardin et les élus du bureau syndical qui attendaient ces résultats « politiques », en retenant leur souffle.

Ceci dit, le territoire du Parc, l’un des plus vastes de France, ressemble dans certains secteurs géographiques à un barikas (fromage de montagne) avec quelques petits trous.

Comme dans la vallée de la Fecht, où les élus locaux ont soufflé le chaud et le froid avant finalement d’approuver la charte en séance intercommunale. Mais en séance de conseil municipal, onze communes dans cette même vallée (et son débouché vers Colmar) ne font plus partie du Parc, du moins jusqu’en 2023. « C’est un tir groupé de non-adhésion », reconnaît Olivier Claude, directeur du PNRBV dont le siège, faut-il le rappeler, se situe à Munster… En Haute-Saône, dans le Territoire de Belfort et dans les Vosges, les conseils municipaux de 15 communes ont aussi choisi la sortie ou la non-adhésion.

Quel est le dénominateur commun à ce vote de défiance ? « Des contraintes en plus », résume Olivier Claude qui admet des petits problèmes de « compréhension », comme dans la vallée de la Moselle, par exemple, où les élus locaux croient dur comme fer que « le Parc est contre la déviation de la RN66 ». Dans la vallée de Munster, de nombreux élus voient d’abord dans cette instance interrégionale un « limitateur » de projets économiques et urbains.

La tâche se complique donc pour l’équipe technique du PNRBV qui va devoir slalomer, dans certains secteurs, entre collectivités adhérentes et non-adhérentes. C’est déjà le cas aux Trois-Épis, à cheval sur trois communes dont deux — Turckheim et Niedermorschwihr — n’adhèrent plus alors que la station climatique s’est engagée, avec le soutien du Parc, dans un salutaire projet de restructuration urbaine.

Autre conséquence, certes moins négligeable : la population totale du territoire du Parc passe de 256 000 habitants à 238 000 habitants ; et quand on sait que chaque habitant verse 1,10 € dans la cagnotte budgétaire du Syndicat mixte… Cela représente tout de même un manque à gagner de 20 000 €.

Prochaine étape : la validation de la charte par les Régions Alsace, Lorraine et de Franche-Comté avant que le dossier ne soit examiné par le Conseil naturel de protection de la nature (CNPN), puis validé (ou pas) par le ministère de l’Environnement. C’est après ce parcours du combattant que le PNRBV décrochera (ou non) le label « Parc naturel régional ».